SOMMAIRE DE L’EXPOSITION

ANTIQUITÉ                      OTTOMAN                      MODERNE                 Photographies 19e-20e

MOYEN-ÂGE

Alexandria, Piero del Massaio, Ugo Comminelli (copiste), 1474-1480. Vue en perspective montrant l’isthme inhabité qui sépare les deux ports, la ville médiévale, l’enceinte avec les douves et le complexe carré de la porte Marine. La haute tour « Porta principalis » donnait accès à la ville. © BnF

Une enceinte restreinte

Au cours des siècles, des sédiments marins s’accumulent contre l’Heptastade, formant un isthme entre l’île de Pharos et le continent et coupant le passage entre les deux ports. Après la conquête arabe en 642 apr. J.-C. et la fondation de Fûstat à l’intérieur du pays, Alexandrie perd son statut de capitale de l’Égypte. Par la suite, les quartiers habités se concentrent de plus en plus vers la péninsule et les deux ports. Alexandrie demeure une cité portuaire importante pour le commerce maritime, mais, ville frontalière, elle est exposée aux attaques venant de la mer, et les divers souverains cherchent à protéger ses habitants par de puissantes fortifications. Sous Ibn Touloun au 9e siècle, on délaisse ainsi la vaste muraille antique pour construire une nouvelle enceinte sur un périmètre plus restreint. La colline du Serapeum avec la colonne Pompée se retrouve hors les murs.
Dès lors, tous les habitants résident intra-muros, il est formellement interdit aux Alexandrins de s’installer sur la péninsule. Sur cet isthme entre les deux ports s’élèvent uniquement quelques tours de guet, dont le Phare d’Alexandrie qui fait alors office d’édifice militaire.

Photographie de la Tour des Romains avant sa destruction, vers 1900. © Archives nationales du monde du travail (Roubaix) (réf. 1995 060 3508)

Photographie de la tour du stade d’Alexandrie, une des deux dernières tours de la muraille médiévale encore visibles, 2015. © Archives CEAlex

Extrait du « Plan de la ville et des ports d’Alexandrie ». Aquarelle, [Louis-Jacques Bourgeois], ca 1799, 1/4 000. © SHD

Photographie de la tour de Shallalat, une des deux dernières tours de la muraille médiévale encore visibles, 2009. © Archives CEAlex

La porte Marine

Au Moyen Âge, l’enceinte est dotée d’au moins cinq portes, dont deux donnent sur l’isthme au nord et les trois autres vers le Delta, le désert et le canal au sud. L’accès principal pour les voyageurs arrivant par voie de mer est la porte Marine qui sert également de douane. Cette porte est un large complexe carré, fortifié par trois grosses tours, dont une (C) sert à contrôler les passages. À l’intérieur de la porte Marine, les voyageurs doivent faire inspecter leurs bagages et payer les taxes pour leurs marchandises. Sous les Fatimides (10e -12e siècles) et les Ayyoubides (13e siècle), d’importants travaux de fortifications sont attestés surtout aux portes d’Alexandrie.
Une inscription fatimide à la porte Marine se lit comme suit : « Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux ! […] Que Dieu bénisse Notre Seigneur Muhammad et toute sa famille […] L’achèvement de cette grande forteresse fut ordonné dans le mois du premier rabî’ de l’année cinq cent-vingt-trois (1128-1129). »

La porte Marine en ruine en 1798, extrait d’Alexandrie. Vue de l’esplanade ou grande place du port Neuf et de l’enceinte des arabes, seconde partie, Description de l’Égypte, État Moderne II, pl. 98, coloré. Fonds J.-Y. Empereur. © Archives CEAlex

Le tracé de la porte Marine et de la muraille médiévale dans le parcellaire actuel d’Alexandrie. K. Machinek à paraître. © Archives CEAlex

Felix Fabri décrit son passage par la Porte Marine en 1483

Du Phare au fort

En 1303, le Phare s’écroule lors d’un séisme qui détruit un tiers de la ville. Dorénavant, les défenses de la cité présentent une lacune sérieuse et malgré la construction du Pharillon vers 1330 sur le cap en face des ruines du Phare, l’entrée du port oriental est mal fortifiée. À l’automne 1365, les bateaux de Pierre de Lusignan, roi de Chypre, apparaissent au large d’Alexandrie. Sous prétexte d’une croisade, la ville est ravagée et un grand nombre des fortifications détruites. Après ce raid fatidique, les autorités désignent le port oriental comme seule rade autorisée aux bateaux des chrétiens, afin d’assurer un meilleur contrôle des étrangers. Le port Ouest est uniquement ouvert aux musulmans.
Après la conquête de Constantinople en 1453, les Mamelouks craignent une conquête de l’Égypte par les Ottomans. Ainsi, le sultan Qaitbay fait construire un fort sur les ruines du Phare, que le sultan El-Ghoury fait agrandir quelques années plus tard. Il met en place une artillerie moderne et interdit par un décret gravé sur une plaque en marbre tout vol d’armes sous peine de mort.

Zaccaria Pagani décrit les défenses des ports en 1512

Photographie du fort Qaitbay depuis la mer, 2019. Ph. Soubias. © Archives CEAlex

Orthophotographie de la plaque placée au-dessus de l’entrée du fort, 2022. É. Forestier. © Archives CEAlex

“Vue du petit Pharillon, ou Fanal au vieux Port d’Alexandrie”, Dessins de l’explorateur danois Frederick Norden (1708-1742), Travels in Egypt and Nubia, vol. I, pl. IV, 1795. Fonds J.-Y. Empereur. © Archives CEAlex

Traduction de l’inscription :  

« Au nom de Dieu clément et miséricordieux. Il a été décrété, par l’ordre de notre maître Sa Majesté, le roi El-Ashraf Abou el-Nasr Qansouh el-Ghoury, que Dieu éternise son règne ; que personne n’enlèvera du fort royal à Alexandrie ni armes blanches, ni armes à feu, ni poudre à canons, ni instrument de guerre, ni autre objet. Tout homme de la garnison du fort, mamelouk, esclave ou armurier, qui transgressera cet ordre et qui en fera sortir un seul objet, sera pendu à la porte du fort, et attirera sur lui la malédiction d’Allâh.
À la date du mois de Rabi’a el-Awal, an neuf cent sept de l’Hégire [septembre-octobre 1501]. »

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