Archives privées et institutionnelles

Face à la réalité du terrain, non pas archéologique ici, mais moderne à savoir le bouleversement urbanistique qui affecte la ville d’Alexandrie, nous avons le sentiment de devoir intervenir rapidement pour contribuer à la sauvegarde d’un patrimoine, d’une mémoire en danger.

Dans cette mission, nous bénéficions d’un réseau et les détenteurs d’archives (producteurs autant qu’héritiers dépositaires d’archives familiales par exemple) viennent à nous. Nous leur garantissons la conservation pérenne des documents, physiques, numériques ou bien sous ces deux formats, dans un service dédié au sein d’une unité de recherche française installée depuis 30 ans à Alexandrie, ainsi que des perspectives de valorisation scientifique de ces archives, en accord avec leurs desiderata, ce qui est souvent considéré comme une majoration de l’acte de don.

Cette demande de dépôt ou de don d’archives est en développement car elle est liée au souhait des membres des communautés étrangères qui ont vécu à Alexandrie jusque dans les années 1960 ou de leurs descendants de conserver la mémoire de leur vie à Alexandrie et de la partager. Elle est liée aussi aux difficultés rencontrées pour déposer ces archives par les producteurs et/ou héritiers d’archives vis-à-vis de leur situation (exil, diaspora) et de celle du pays (dans quelles institutions déposer ces documents, avec quelles perspectives ?). Il s’agit en outre, essentiellement d’archives francophones qui éclairent sous un nouvel angle l’Alexandrie cosmopolite des XIXe et XXe siècles.

Notre expertise est reconnue, grâce à l’organisation et la création d’événements culturels lors des Journées du patrimoine alexandrin pilotées depuis 2010 ans par le CEAlex, ainsi que par l’édition d’ouvrages scientifiques qui mettent en avant tout l’intérêt patrimonial et historique des documents d’archives privées ou institutionnelles, qui viennent compléter les autres types de ressources documentaires conservées au CEAlex, dans notre étude de la ville et de son histoire (voir l’ouvrage de D. Gogny, Archives d’Orient publié récemment par le CEAlex dans la nouvelle collection Alexandrie moderne).

Enfin, notons un phénomène de « capillarité » avec la collecte d’exemplaires de PFE qui a constitué dès l’origine une entrée dans la sphère des archives privées et d’institutions. En effet, la collecte s’est faite en premier lieu dans des institutions notamment des écoles qui désherbaient leurs bibliothèques. Par ailleurs, par l’achat d’exemplaires au souq el-gomaa (marché aux puces) d’Alexandrie, nous avons acquis un lot de journaux qui s’est avéré provenir d’une même personne qui avait constitué dans son appartement une véritable « archive journalistique ». Grâce à des archives privées également vendues au souq, nous pouvons, à petits pas, identifier les protagonistes de cette histoire personnelle, une micro-histoire, qui apporte son témoignage sur l’histoire de la ville.

Nos réflexions sur les modalités d’exploitation et de mise à disposition, en accord avec la législation relative aux archives privées, nous ont amenés à prévoir une solution a minima consistant à la création d’un catalogue archivistique en ligne, donnant à voir les fonds conservés au CEAlex par une description adéquate et éventuellement des morceaux choisis en tant d’illustrations, mais sans donner un accès immédiat à l’ensemble des documents d’archives sous un format numérique, choix déontologique de mise à disposition contrôlée de ces documents d’archives qui n’en demeurent pas moins des morceaux de vies.