SOMMAIRE DE L’EXPOSITION

MOYEN-ÂGE                     OTTOMAN                      MODERNE                 Photographies 19e-20e

 

ANTIQUITÉ

Vue d’Alexandrie à l’époque romaine depuis le lac Mariout. © J.-Cl. Golvin, 1998

Le port lacustre

Proposition de restitution du port lacustre d’Alexandrie à l’époque antique.
Fond de plan : image ESRI 2022. DAO I. Awad, d’après FLAUX et al. 2017 et
I. Hairy à paraître. © Archives CEAlex

Le port lacustre antique est aujourd’hui enseveli sous la ville. Néanmoins, l’étude de la cartographie ancienne et les recherches géomorphologiques permettent de restituer une série de môles qui définissaient des espaces portuaires et d’accostage, aussi bien au sud qu’à l’ouest de la ville. La mise en œuvre de carottages géologiques à proximité d’un des môles signalés sur la carte de la Description de l’Égypte a montré un changement brutal de nature des couches géologiques à partir du début de l’époque romaine, signe de l’intensification de l’activité portuaire. À cette époque, les transports de blé vers Rome venus de toute l’Égypte, constituaient annuellement un tiers du blé nécessaire à l’alimentation de la capitale de l’Empire. Le marché des produits de luxe, telles les épices ou les pierres précieuses, venus de la péninsule arabique et de l’Inde prend une nouvelle dimension. C’est aussi à ce moment que le port douanier de Schedia (Kafr el-Dawar) à l’est d’Alexandrie est remodelé et que celui de Taposiris Magna à l’ouest prend son essor.

Strabon raconte le port lacustre à la fin du 1er siècle av. J.-C.

Le lac Mariout et la région voisine d’Alexandrie à l’époque antique. V. Pichot. © Archives CEAlex

Le Kibôtos

Au fond de la baie du port du Bon Retour qui avait la réputation d’être principalement dédiée au mouillage des navires de guerre, avait été aménagé un port artificiel fermé, « creusé de main d’homme » selon Strabon. Ce Kibôtos (la Boîte) était établi non loin de la naissance de l’Heptastade. Il était bordé par un arsenal et un chantier de marine, et était en lien avec le port du lac Maréotis par le biais d’un canal qui assurait une connexion aisée entre la Méditerranée et l’intérieur du pays.
Le flux commercial côté lac s’effectuait par le biais d’un réseau de canaux venant du Nil qui alimentaient l’étendue lacustre, ainsi que par le canal d’Alexandrie creusé par le frère de Ptolémée Ier.
Le canal d’Alexandrie étudié par le CEAlex, ainsi que le Kibôtos et son canal, constituent des objets d’études à la croisée des approches historiques, archéologiques et géoarchéologiques. Ils mettent en lumière le rapport complexe entre la Méditerranée et le lac Maréotis dont le niveau était sous celui de la mer.

Alexandrie à l’époque romaine : muraille, réseau viaire, principaux temples, canaux et emplacement supposé du Kibôtos. I. Hairy. © Archives CEAlex

 

Strabon raconte les ports maritimes à la fin du 1er siècle av. J.-C.

L’Heptastade

Prospection géophysique dans une rue de l’isthme entre île de Pharos et continent. A. Hesse. © Archives CEAlex

L’Heptastade est un ouvrage d’art exceptionnel pour son époque : une chaussée-digue de 1300 m associée à un aqueduc approvisionnant en eau l’île de Pharos, deux ponts permettaient aux embarcations de circuler entre les deux ports. Alexandre fait édifier cette chaussée de sept stades entre le continent et l’île et crée ainsi deux ports : à l’est, le Grand Port, ὁ μέγας λιμήν, à l’ouest, le port du Bon Retour, ὁ λιμήν τοῦ Εὐνόστου. Il tire parti de l’expérience qu’il avait acquise, notamment lors du siège de Tyr en 332, dans une semblable configuration naturelle : une île reliée au continent par une ligne de relief émergée.
Invisible aujourd’hui, le tracé de l’Heptastade a été mis en évidence grâce à des prospections géophysiques et à des études géomorphologiques menées par le CEAlex. Sa construction forme le premier geste urbain d’Alexandre et l’épine dorsale de la cité. Cet axe et sa perpendiculaire à 90°, la future Plateia, ou voie canopique, définissent l’orientation du réseau viaire de la cité antique qui perdure jusqu’à nos jours.

Vue restituée de l’Heptastade. © J.-Cl. Golvin

Emplacement de l’île de Pharos, des ports antiques et de l’Heptastade par rapport à la ville actuelle, d’après d’Hairy à paraître. Fond de plan : Image Satellitaire SPOT 5, 2002. © Archives CEAlex

Le Phare

Emplacement du Phare révélé par les fouilles sous-marines. I. Hairy. © Archives CEAlex

Construit par Ptolémée Ier Sôter et inauguré par son fils Ptolémée II Philadelphe, le phare d’Alexandrie s’éleva pendant près de 17 siècles et disparu au milieu du 14e après une série de tremblements de terre. Le site est aujourd’hui totalement immergé en raison de la subsidence qui a affecté la côte alexandrine plongeant certaines parties de la ville antique à plus de 6 m sous le niveau actuel de la mer. Documentant le site sous-marin depuis 1994, le CEAlex construit aujourd’hui un modèle 3D précis, grâce à l’utilisation de la photogrammétrie, qui offre de nouvelles potentialités d’étude et de présentation au public. Sur une surface de 1,6 hectare, 4081 blocs d’architecture et de sculpture ont été enregistrés et documentés jusqu’à aujourd’hui. À partir de fragments rencontrés dans la zone nord-ouest du site, une porte monumentale de style dorique ayant appartenu au Phare a été reconstituée graphiquement. L’ouverture mesure 11,5 m x 4,9 m et a une profondeur de 2,1 m. Des traces de dommages et des fractures aux points faibles indiquent que la structure a été détruite de manière violente. Les statues qui décoraient autrefois l’entrée de l’édifice, brisées en multiples morceaux, ont été aussi recomposées grâce à la 3D.

Le géographe Idrisi décrit le Phare au 12e siècle

Vue restituée du phare d’Alexandrie. I. Hairy. © Archives CEAlex

MOYEN-ÂGE                     OTTOMAN                      MODERNE                 Photographies 19e-20e