Les abords de la voie canopique
La fouille de sauvetage du chantier Fouad entreprise par le Centre d’Études Alexandrines entre 2000 et 2004, à la demande du Patriarcat Grec Orthodoxe est située dans le quartier alexandrin de Raml Station, en contrebas de la colline de Kôm el-Dikka, entre l’église Saint-Saba et la rue el-Horeyya (traditionnellement nommée rue Fouad). Sa superficie non négligeable de 2500 m2 et son emplacement au coeur de la ville antique et à proximité de la Plateia, l’axe majeur est-ouest de la ville, ont offert un riche potentiel archéologique.
Après l’enlèvement du sol du garage construit dans les années 1930 et des dépôts de terres provenant de terrains constructibles disséminés dans la ville, les premières couches en place, atteintes à sept mètres d’altitude, correspondent à un jardin, indiqué sur les cartes du XIXe siècle, qui était compris dans l’enceinte de l’église Saint-Saba. Il recouvrait des remblais, témoins d’une destruction partielle des niveaux antérieurs et d’une longue phase d’abandon.
Sous ces remblais, sont apparus les restes d’un sol, constitué de différents matériaux : dalles de calcaire, marbres blanc, bleu et rouge, matériaux de réemploi comme des éléments de colonnes coupées dans la longueur. Associé à des espaces d’habitat définis par des sols en mortier de chaux et des élévations de mur en mauvais état de conservation, il correspond à la cour intérieure d’un bâtiment d’époque mamelouke, comme l’ont montré les études du mobilier céramique et des monnaies.
Cette cour est installée sur un réseau de canalisations (au moins deux états de construction) en relation avec les puits d’accès de deux citernes, l’une de facture romaine, l’autre de facture mamelouke, qui avait englobé dans son fonctionnement la première. L’ensemble que forment ces structures, situé au nord-ouest de la fouille, a été tronqué par des tranchées. De fait, la totalité du terrain est fortement perturbée par des récupérations datant de l’époque ottomane (XVIe-XVIIIe siècle) : provoquées par la recherche de matériau puis remblayées, ces grandes fosses partagent le terrain en plusieurs zones, détruisant les liens stratigraphiques. Des niveaux antiques, on retiendra la présence de contextes domestiques dès la fin du IVe siècle av. J.-C. et tout au cours du IIIe siècle, puis la construction au IIe siècle av. J.-C. d’un grand bâtiment orienté nord-sud divisé en boutiques. Les six boutiques-ateliers préservées sont constituées de deux pièces en enfilade orientées Est-Ouest, elles devaient ouvrir sur une rue à l’Ouest ; elles ont notamment livré les vestiges d’ateliers où l’on travaillait l’ivoire d’éléphant et les os de différents animaux. L’époque romaine marque un nouveau remaniement du site, dont les structures, à part deux citernes, sont très mal préservées.
Pour en savoir plus
Fr. Choël, M. Jacquemin, J.-C. Tréglia, L. Vallauri, « Céramiques du début de la période ottomane à Alexandrie (Égypte). Le comblement des citernes du chantier du patriarcat grec orthodoxe », in Actas del VIII congreso internacional de Ceramica Medieval en el Mediterraneo, Madrid, 2009, p. 891-897.
Fr. Choël, M. Jacquemin, Chantier Fouad : les jeux de l’eau au hasard des découvertes hydrauliques, in I. Hairy (éd.), Du Nil à Alexandrie : Histoires d’eaux, Catalogue d’exposition, Le Mans, Alexandrie, 2011, p. 290-313
A.-M. Guimier-Sorbets, « Un nouvel emblema alexandrin (Terrain du patriarcat grec orthodoxe) », in H. Morlier (éd.), La mosaïque gréco-romaine IX, Rome, 2005, p. 567-577. E. Rodziewicz, « Bone and ivory workshops remains from the Fouad archaeological site », in M.-D. Nenna, Alexandrina 5, Études Alexandrines 50, 2020.