Île de « Maréa »

Responsable d’opération : Valérie Pichot

Le site de l’île de « Maréa » est situé sur la rive méridionale du lac Mariout à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest d’Alexandrie et à 350 m au nord-est du site de « Maréa »-Philoxénité.

De 2003 à 2012 le CEAlex a mené des fouilles sur le site à raison de 2 à 4 mois par an et a été obligé d’arrêter ses interventions à cause de la très forte montée du niveau du lac à partir de 2008-2009. Cette dernière, conséquence d’une nouvelle distribution des eaux dans les bassins du lac Mariout, a provoqué la perte d’une partie de l’île et l’élévation de la nappe phréatique qui empêche toute intervention archéologique viable sur le terrain.

Les fouilles ont permis de mettre en évidence une installation importante dès le iiie siècle av. J.-C. avec la présence d’un quartier d’habitations constitué de maisons-tours jusqu’à présent unique en Maréotide. Bâtiments plus hauts que larges, ces maisons-tours, dont les fondations et les premières assises sont en pierre, tandis que l’élévation des murs est en briques crues, pouvaient s’élever sur une dizaine de mètres. Deux de ces maisons ont pu être dégagées totalement, deux autres ont pu être sondées et trois autres ont été repérées plus au nord par la prospection géomagnétique. Ce quartier a évolué et a connu des réaménagements dans la deuxième moitié du IIe siècle av. J.-C.

Le Haut-Empire est marqué par un changement très net dans l’organisation de l’occupation de l’île, dû en partie à une montée du niveau du lac qui semble commencer au début du Haut-Empire. Les activités du secteur semblent s’intensifier et des aménagements importants sont mis en place sur l’île. Le quartier d’habitation se transforme complètement. Tous les bâtiments situés à proximité de la rive, sur la partie basse de l’île, sont abandonnés et ces zones ne seront jamais réinvesties. On assiste dans les parties « hautes », suivant les endroits, à des réaménagements et extensions de bâtiments hellénistiques ou à des destructions, remblaiements et des constructions de bâtiments sur les niveaux antérieurs. Une grande villa lacustre qui gère un territoire agricole sur la terre ferme est implantée à l’extrémité nord de l’île. De cette période date aussi la chaussée qui raccorde, au sud, l’île à la terre ferme, et qui la transforme en presqu’île.

La fin du Haut-Empire marque l’arrêt de l’occupation du site, en raison d’une seconde augmentation de la montée du niveau du lac plus importante que la précédente qui semble se produire dans le courant du IIIe siècle. Après une période d’abandon, l’île est occupée saisonnièrement à l’époque romaine tardive par des chaufourniers et des carriers accompagnés de forgerons qui récupèrent les matériaux disponibles et dont les activités sont en partie à mettre en relation avec le développement de la station de pèlerinage voisine, de « Maréa »-Philoxénité.

Bibliographie

V. Pichot, « Marea Peninsula. Occupation and workshop activities on the shores of Lake Mariout in the work of the Centre d’Études Alexandrines (CEAlex, CNRS USR 3134 », in L. Blue et E. Khalil (éd.), Lake Mareotis. Reconstructing the past, Proceedings of the International Conference on the Archaeology of the Mareotic Region held at Alexandria University, Egypt 5th-6th April 2008, University of Southampton Series in Archaeology 2, BAR S2113, Oxford, 2010, p. 57-66.

V. Pichot, « Deux maisons-tours dans la chôra d’Alexandrie », in S. Marchi (éd.), Les maisons-tours en Egypte durant la Basse époque, les périodes ptolémaïque et romaine, Nehet 2, 2014, Paris, p. 135-155.

V. Pichot, M.-Fr. Boussac, « Le porte-cassolette de Maréa/Philoxénité », in J.-Y. Empereur (éd.), Alexandrina 4, Études Alexandrines 32, Centre d’Études Alexandrines, Alexandrie, 2014, p. 165-186.

V. Pichot, J.-M. Vallet, N. Bouillon. O. Guillon, M. Pomey, « Matières colorantes de l’Alexandrie hellénistique : de la fouille au laboratoire », in M.-T. Dinh-Audouin, D. Olivier, P. Rigny (éd.), Chimie et Alexandrie dans l’Antiquité, Colloque de la Maison de la Chimie, 12-13 février 2019, Fondation de la Maison de la Chimie, Paris, 2020, p. 125-144.

V. Pichot, Aux portes d’Alexandrie. Le développement de la Maréotide hellénistique et romaine, Études Alexandrines, Centre d’Études Alexandrines, Alexandrie, à paraître.