Le Cricket Ground

Responsable d’opération : Hélène Silhouette

Le site du Cricket Ground a été fouillé par plusieurs équipes du CEAlex entre 1994 et 1997 sur un terrain  largement éventré par les travaux de construction d’un bâtiment de l’hôpital el-Miri. À partir du niveau terminal du décaissement moderne, des colonnes de béton de près d’un mètre de diamètre ont été implantées ; endommageant de façon plus ou moins importante les structures de la haute époque hellénistique et nous privant presque complètement des états postérieurs à 200 av. J.-C.

Trois phases d’occupations ont été identifiées. Un ensemble d’habitats apparaît sur les pentes de la colline, avec des niveaux d’occupation qui sont datés de la fin du ive siècle et du début du iiie siècle av. J.-C. Les fondations des murs ont été creusées jusqu’au sable naturel. Quelques lambeaux de sol de tuileau indiquent que ces maisons étaient bien construites, même si les vestiges qui sont parvenus jusqu’à nous sont ténus.

Au début du IIIe siècle av. J.-C., des travaux de nivellement, associés à la transformation d’une impasse en une rue orientée est-ouest dotée d’un égout et à la création d’une ruelle nord-sud, détruisent une partie de cette occupation. Quatre parcelles occupent le site. Deux habitations se développent au nord de la rue ; une troisième maison est desservie par la petite ruelle perpendiculaire à l’est ; de la quatrième, seule une partie a été mise au jour au nord-ouest du site fouillé. Les deux maisons qui bordent la rue sud sont séparées par un vide sanitaire dans lequel se trouve une canalisation destinée à évacuer les eaux usées vers la rue. Le mur de façade de la maison sud-ouest est monumental, bâti de blocs rectangulaires. Les murs intérieurs des deux maisons étaient enduits d’un fin mortier blanc ; quelques sols de tuileau ont été retrouvés dans leurs pièces, mais les sols sont principalement constitués de sable ou de terre battue.

Au milieu du IIIe siècle avant. J.-C., un remaniement conduit à une redistribution des espaces en trois maisons, chacune pourvue de points d’eau, puits conduisant à des galeries subhorizontales de captation des eaux, citernes ou bassins avec collecte des eaux pluviales. Les deux maisons ouvrant sur la rue Sud sont dotées de boutiques-ateliers ; la maison située au nord comprend une grande pièce au sol peint en rouge. Elle fut en partie détruite par un incendie. C’est dans cette maison que fut mis au jour un ensemble décoratif exceptionnel qui devait orner un meuble et était constitué de petits poissons en stuc et en céramique recouverts d’une feuille d’or. C’est aussi dans cette maison qu’avait été remisé un trésor de monnaies, qui se sont révélées être inconnues des numismates. Malgré les différences inhérentes aux conditions de sauvetage, cette fouille a déjà offert une série de dépôts clos qui ont permis de tracer sur des bases sûres l’évolution de la production et de la consommation de la céramique à Alexandrie de la fin du ive siècle à la fin du iie siècle av. J.-C. et fourni les rares exemples connus à Alexandrie d’habitations de la haute époque hellénistique qui sont en cours de publication.

  • Vue d’ensemble du site au début de la fouille. Cliché Th. Gonon, © Archives CEAlex

Pour en savoir plus

S. Dubourg, « L’architecture des riches demeures d’Alexandrie », in M.-D. Nenna (éd.), Alexandrie grecque, romaine et égyptienne, Dossiers d’Archéologie 374, mars/avril 2016, p. 26-29.

A.-M. Guimier-Sorbets, « Quelques poissons dorés : un décor d’appliques du mobilier alexandrin », in J.-Y. Empereur (éd.), Alexandrina 3, Études Alexandrines 18, Le Caire, 2009,  p. 343-372.

A.-M. Guimier-Sorbets, « Chantier du Cricket Ground (Alexandrie). Le geste des mosaïstes : éléments préfabriqués dans un nouveau pavement alexandrin », in M.-D. Nenna (éd.), Alexandrina 5, Études Alexandrines 50, 2020.

C. Harlaut, J.W. Hayes, Pottery in Hellenistic Alexandria, Études Alexandrines 45, Alexandrie, 2018.

J.W. Hayes, C. Harlaut, « Ptolemaic and Roman Pottery deposits from Alexandria : I » avec en annexe les lampes par C. Georges, in J.-Y. Empereur (éd.), Alexandrina 2, Études Alexandrines 2, Le Caire, p. 99-138.

O. Picard, « Un monnayage alexandrin énigmatique : Le trésor d’Alexandrie 1996 », in Mélanges Le Rider, Paris, 1999, p. 313-321.

Fr. Queyrel, « Le garçon du Cricket et les enfants d’Alexandrie », in J.-Y. Empereur (éd.), Alexandrina 4, Études Alexandrines 32, Alexandrie, 2014, p. 131-161.

H. Silhouette, « Le Cricket Ground : approvisionnement en eau d’un quartier gréco-romain d’Alexandrie », in I. Hairy (éd.), Du Nil à Alexandrie : Histoires d’eaux, Catalogue d’exposition, Le Mans, Alexandrie, 2011, p. 364-377.

H. Silhouette, « Les maisons hellénistiques du Cricket Ground », in M.-D. Nenna (éd.), Alexandrie grecque, romaine et égyptienne, Dossiers d’Archéologie 374, mars/avril 2016, p. 30-31.